Des origines Celtes
Ses origines remontent à l’époque gauloise. Son nom proviendrait du celte « Tarvos », taureau et du suffixe « nna ». Il signifierait le lieu où paissent les taureaux. Elle est alors la capitale de la tribu gauloise des Morins et se trouve sur la voie de l’étain, allant de l’Angleterre à la Méditerranée. Les Morins ont laissé des traces : la monnaie qu’ils frappaient, les statères, dont on a retrouvé quelques exemplaires. Ils sont surtout connus par la Guerre des Gaules, le récit de la conquête de Jules César à qui ils vont s’opposer à plusieurs reprises.
Une ville gallo-romaine
Avec la conquête romaine se développe une ville antique sur un carrefour important de voies. Thérouanne se trouve sur un des axes menant de Rome à l’Angleterre comme en attestent les grands itinéraires conservés pour cette période. Appelé localement la chaussée Brunehaut, il relie Arras au sud-est à Boulogne au nord-ouest. D’autres voies relient Cassel vers l’est, Amiens vers le sud… La découverte des cimetières, situés à l’extérieur de la ville permettent de nous donner ses limites. Elle s’étalait sur les deux rives de la Lys. Les objets retrouvés dans les tombes nous renseignent sur le mode de vie des habitants et les échanges commerciaux : des amphores et de la vaisselle en céramique en provenance du sud de la Gaule ou de la vaisselle en verre de la vallée du Rhin, un encrier en métal… D’autres fouilles ont révélé des habitats dont la qualité de la construction s’améliore avec le temps à partir du 1er siècle de notre ère, signe de romanisation . Une maison du 2ème siècle, en pierre, comprenait un hypocauste, un système de chauffage par le sol. La ville a été détruite plusieurs fois aux 2ème, 3ème et fin 4ème siècles provoquant l’abandon progressif de bâtiments. La dernière est due aux invasions barbares qui précipitent la fin de l’Empire romain.
Un évêché médiéval
En 638, le roi mérovingien Dagobert Ier nomme Omer, moine de l’abbaye de Luxeuil comme premier évêque de la Morinie pour convertir ses habitants au christianisme. Il souhaite ainsi les fédérer à son royaume. Thérouanne devient ensuite le siège de ce nouvel évêché . Une première cathédrale est édifiée au centre de la cité et comprend un baptistère . Un nouvel édifice est construit sous les carolingiens. Mais au 9ème siècle, les invasions des Vikings provoquent à plusieurs reprises de nouvelles destructions. Un monde nouveau émerge sur les ruines de l’empire carolingien. Au 12e siècle, les évêques font appel aux comtes de Flandre pour les défendre contre leurs avoués . Ces chevaliers censés les protéger en profitaient pour tenter de prendre leurs biens en édifiant un château dans la ville. A la même époque, les évêques vont mettre en chantier une nouvelle cathédrale gothique qui nous est connue par des gravures et des fouilles. Et les rares éléments de décors qui nous sont parvenus nous montrent la très grande qualité de cette réalisation. Il faut attendre 1340 pour que le roi de France Philippe VI décide de faire entourer la ville d’un fossé et d’une enceinte en pierres composée de remparts et de tours. Les travaux durent jusqu’à la fin du siècle.
Un site archéologique unique
Au sortir du Moyen Âge, cette enceinte est transformée pour répondre aux évolutions de l’artillerie. Les tours sont abaissées et pourvues de terrasses de tir et un bastion est réalisé. Car Thérouanne est une enclave française dans les terres de l’Empire d’Espagne. Elle subit trois sièges en 1513, 1537 et 1553. Lors du dernier, Charles Quint décide de la faire raser complètement. Il en fait ainsi l’un des rares exemples en Europe d’une « ville morte ». L’évêché sera divisé en trois entre Boulogne, Ypres et Saint-Omer. Seul un village se reconstruira mais davantage sur la rive sud de la Lys, au pied de la vieille ville. La ville médiévale avait cette forme caractéristique de cerf-volant qui s’est fossilisée dans le paysage, un rideau d’arbre ayant succédé aux murs. Au centre, le site archéologique national correspond à celui de la cathédrale et ses abords. Dans la maison de la Morinie, un centre d’interprétation présente 2000 ans d’histoire et un siècle d’archéologie à Thérouanne.
5 Place de l'Eglise 62129 THEROUANNE
Mar - Mer - Jeu - Ven : 10H / 12H - 16H / 18H