Le Cabinet d’histoire naturelle peint par Henri Dupuis lui-même ne s’inscrit pas dans les représentations traditionnelles de cabinets de curiosité qui illustrent tout à la fois les collections et leur mise en scène dans les meubles ou les pièces qui leurs sont dévolus.
Henri Dupuis peint ici l’idée du cabinet de curiosité. Si les spécimens dépeints semblent issus de sa collection (on reconnait certains et objets et les perchoirs caractéristiques), la disposition esthétisante est très éloignée du souci du souci de classification, encore sensible dans les salles de conchyliologie ou de géologie du musées et qui rappelle les Wunderkammern (Chambres des merveilles). Dans son tableau, au contraire, les oiseaux se mêlent aux coquillages et la disposition évite le systématisme.
Henri Dupuis tient ici le rôle de l’artiste et attache probablement plus d’intérêt à s’inscrire dans la tradition de la nature morte flamande que dans l’illustration naturaliste. Le rendu des textures, les effets de lumière, la traduction plastique du volume de chaque objet, devient un véritable défi pictural, nourri à la leçon des maîtres anciens.
Le Cabinet d’histoire naturelle peut donc se lire comme le double témoignage de la culture visuelle et de la culture scientifique d’Henri Dupuis, peintre et collectionneur.