Un contexte troublé
Le 16e siècle est marqué par des troubles religieux. En Flandre, le mouvement des iconoclastes , les briseurs d’images pieuses, s’arrête devant Saint-Omer. Des réformes religieuses aboutissent à la création d’ Eglises protestantes . Pour survivre, l’ Eglise catholique doit elle aussi se réformer. La Compagnie de Jésus (appelés Jésuites), fondée par Ignace de Loyola, y participe activement. Ainsi, Gérard d’Haméricourt, évêque de Saint-Omer, fait appel à des Jésuites de Wallonie pour fonder un collège dès 1566. Car, dans cette lutte, former la jeunesse est un enjeu important. Les jésuites pratiquent aussi le théâtre pour attirer la population lors de leurs sermons.
Un mélange de style
Pour accueillir toutes ces activités, la première église devient trop petite. Un nouvel édifice est mis en chantier de 1615 à 1640 sur les plans de Jean Du Blocq (1583-1656). L’architecte de la Compagnie réalise une synthèse d’architecture. D’une part, il s’inspire de l’architecture locale, de tradition gothique. Ainsi la nef de l’église comporte trois niveaux. Elle est bordée par des contreforts entre lesquels se logent des chapelles latérales . L’ensemble est couvert de voûtes à croisée d’ogives . Le chœur se compose de cinq pans. Il est encadré par deux tours. D’autre part, il introduit des nouveautés. L’absence de transept favorise la diffusion de la parole. L’usage de la pierre et de la brique dessinent un élégant quadrillage. Sa façade monumentale superpose les quatre ordres de l’architecture . Le portail s’inspire de l’architecte italien Serlio, auteur de traités sur l’architecture antique. Du Blocq nous montre qu’il les a lus.
Retour vers l'Antiquité
Ce retour à l’Antiquité s’exprime aussi dans le décor en pierre de l’édifice. De grandes volutes ornent les contreforts et les extrémités de la façade. A chaque niveau les pilastres portent des chapiteaux de style différent. Le portail en pierre bleue de Namur arbore des colonnes cannelées et des frontons enroulés. Sur la base des colonnes encadrant la porte sont sculptées des têtes de lion. Au-dessus, la frise se compose de trois traits verticaux (triglyphes) et de bucranes (cranes de bœuf), motif très en vogue dans l’Antiquité ! Dans le grand volume intérieur, un décor sculpté orne les murs de la nef. On remarque surtout la frise en latin illustrée d’images. Elle servait de guide de morale chrétienne.
Une renaissance
Entre l’expulsion des Jésuites en 1762 et le XXIe siècle, l’église de l’ancien collège connait bien des affectations différentes. Tour à tour magasin de stockage, hôpital militaire, atelier de mécanique voire garage, elle vit un certain renouveau depuis 2013. Dans le sillage d’une restauration d’envergure qui s’est achevée en 2017, elle a bénéficié de la réalisation d’un nouveau programme d’utilisation. Sous l’égide de la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer, elle est aujourd’hui un haut lieu de diffusion culturelle et artistique du territoire.